Réponse de la direction du CST à l’examen de l’Office de surveillance des activités en matière
de sécurité nationale et de renseignement (OSSNR) portant sur la divulgation d’informations
nominatives sur des Canadiens en 2018-2019
L’OSSNR a présenté son examen classifié au ministre de la Défense nationale en
novembre 2020.
Tout au long de l’examen de son processus de divulgation, le CST a répondu aux demandes de
l’OSSNR dans les meilleurs délais. Il a aussi offert de préciser le contexte et de présenter aux
membres des séances d’information portant sur ses processus.
Importance des examens indépendants externes
Le CST reconnaît l’importance des examens indépendants externes visant ses activités et reste
déterminé à poursuivre un dialogue positif avec l’OSSNR et les autres organes d’examen et de
surveillance.
Ce cadre d’examen et de surveillance permet au CST de remplir son importante mission en
matière de renseignement étranger, de cybersécurité et de cyberopérations étrangères tout en
démontrant qu’il prend ses responsabilités, ce qui renforce la confiance des Canadiens.
Le CST mène ses activités de manière à cultiver une tradition de conformité enracinée dans sa
compréhension de son régime juridique et politique et mise en évidence par sa pratique
rigoureuse d’autosignalement des incidents et des erreurs, et la rigueur avec laquelle il s’assure
d’y remédier.
Nous apprécions les efforts déployés par l’OSSNR pour offrir aux Canadiens une meilleure
compréhension de l’important travail que le CST accomplit chaque jour pour assurer la sécurité
des Canadiens.
Nous acceptons les recommandations visant à améliorer nos processus, mais craignons que les
conclusions globales ne soulignent pas pleinement la mesure dans laquelle notre organisme
s’engage à protéger la vie privée.
Information nominative sur un Canadien et engagement du CST en matière de respect de la
vie privée
Le CST est l’organisme national responsable du renseignement électromagnétique étranger et
des cyberopérations. Il assume également le rôle d’expert technique en matière de
cybersécurité. De même, le CST fournit au gouvernement du Canada (GC) du renseignement
étranger et des services de cyberdéfense essentiels. La protection de l’information canadienne
et le respect de la vie privée des Canadiens sont au coeur même de notre mission.
Le CST ne dirige pas ses activités de renseignement électromagnétique étranger contre des
Canadiens ou quiconque se trouvant au Canada. La Loi sur le CST reconnaît toutefois que
l’organisme peut acquérir incidemment des communications canadiennes ou de l’information
qui se rapporte à un Canadien même s’il cible uniquement des entités étrangères à l’extérieur
du Canada. Le CST accorde une grande importance à son mandat qui consiste à protéger la vie
privée des Canadiens si de l’information est acquise de manière fortuite.
Dans le cas où de l’information sur des Canadiens serait acquise incidemment lors de la collecte
de renseignement électromagnétique étranger, le CST ajoutera des références
dépersonnalisées concernant les organisations et les citoyens canadiens dans les rapports de
renseignement dans la mesure où de telles références sont essentielles à la compréhension du
renseignement étranger.
La dépersonnalisation de l’information nominative sur un Canadien (INC) dans les rapports est
l’une des nombreuses mesures progressives que le CST a mises en place dans son processus de
renseignement de bout en bout pour protéger la vie privée. Parmi ces mesures, on retrouve
notamment la formation sur l’application des lois et des politiques, le soutien sur site offert aux
analystes du renseignement, des évaluations annuelles obligatoires sur la protection de la vie
privée pour l’accès aux systèmes opérationnels, l’étiquetage et la suppression automatique de
données, un respect rigoureux des périodes de conservation, des directives précises sur le
traitement des données, l’approbation ascendante de rapports contenant de l’INC, des
vérifications spontanées de la conformité, des processus d’approbation distincts pour la
divulgation d’information obscurcie et la prise de mesure à l’égard des rapports de
renseignement.
En vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, les clients du gouvernement
qui reçoivent du renseignement étranger de la part du CST peuvent demander à ce que l’INC
dépersonnalisée leur soit fournie si l’information en question concerne directement les activités
ou le programme opérationnel de leur ministère. Toute INC divulguée est fournie dans le seul
but de mieux comprendre le renseignement étranger présenté dans le rapport. Les
représentants du gouvernement ne doivent pas communiquer ou utiliser l’INC qui leur est
fournie dans le cadre du processus de divulgation, ou encore prendre des mesures en fonction
de celle-ci.
Le CST peaufine constamment son processus de divulgation de l’INC. Pour aider à appuyer le
processus de vérification et d’examen, par exemple, le CST a mis en place une exigence afin que
les clients du gouvernement fournissent une justification opérationnelle dans leurs demandes
de divulgation d’INC. Il importe toutefois de souligner qu’il s’agit d’une question de politique
interne, puisque la Loi sur la protection des renseignements personnels n’exige pas que l’on
documente les pouvoirs juridiques avant que l’information soit acquise et divulguée.
Recommandations découlant de l’examen
Le CST est résolu à toujours s’améliorer. Il sait que les recommandations découlant d’examens
indépendants jouent un rôle important dans l’amélioration de ses processus. Fort de 25 ans
d’expérience auprès du Bureau du commissaire du CST, le CST collabore maintenant avec
l’OSSNR dans le but d’améliorer ses processus. Nous remercions ces organes d’examen pour les
efforts qu’ils déploient pour renforcer la confiance des Canadiens.
Le CST continue de peaufiner ses mesures de protection de la vie privée, y compris celles qui
touchent le processus de divulgation. Les améliorations apportées au cours des dix dernières
années ont tenu compte des recommandations formulées par le commissaire du CST dans le
cadre des examens annuels qu’il a menés sur la divulgation d’INC par le CST. Avant que l’OSSNR
prenne en charge les fonctions d’examen, le CST avait accepté et mis en oeuvre 95 % des
recommandations présentées par le commissaire du CST. Les autres n’ont pas été adoptées
parce qu’elles avaient été formulées en double ou parce que des événements les avaient
rendues désuètes. Dans son dernier examen en 2018-2019, le commissaire a confirmé que les
divulgations d’INC par le CST étaient conformes à la loi et aux directives ministérielles.
En ce qui concerne le présent examen de l’OSSNR, comme pour les examens antérieurs du
commissaire du CST, nous accueillons et acceptons les recommandations visant à améliorer nos
politiques et pratiques internes.
Comme les périodes d’examen des deux organes se sont chevauchées, certaines
recommandations de l’OSSNR reprennent celles formulées dans les examens du commissaire
du CST. Par conséquent, nous sommes heureux de préciser qu’un grand nombre d’entre elles
ont déjà été mises en oeuvre et que les autres recommandations de l’OSSNR le seront
prochainement.
Conclusions de l’examen
Tout au long de l’examen des divulgations d’INC, le CST a fourni à l’OSSNR des informations
complètes et du contexte, et s’est efforcé de clarifier les critères d’évaluation utilisés pour
déterminer la validité de dossiers en particulier, critères que l’OSSNR a d’ailleurs jugés adéquats
pour la plupart. Si on omet d’expliquer les méthodes employées pour appuyer les
constatations, le CST craint que des généralisations fondées sur des aspects propres à certains
dossiers associés à une seule mesure de protection de la vie privée puissent donner au lecteur
une fausse impression quant à l’engagement du CST en matière de protection de la vie privée
des Canadiens.
Le processus au cas par cas mis en place par le CST pour ce qui est de divulguer l’INC aux
destinataires autorisés du CST fait partie de mesures internes rigoureuses et exhaustives visant
à protéger la vie privée des Canadiens. Le CST établit un équilibre entre l’échange du
renseignement qu’il recueille, ainsi que la vie privée et la sécurité des Canadiens. Les analystes
du CST qui sont responsables de la divulgation reçoivent de la formation et s’appuient sur des politiques, des lignes directrices et des procédures normales d’exploitation pour orienter la
prise de décisions.
Bien qu’il s’engage à mettre en oeuvre les améliorations recommandées dans le rapport en ce
qui concerne ses processus, le CST demeure préoccupé par les conclusions globales formulées
par l’OSSNR, ainsi que par sa caractérisation du processus de divulgation et de son rôle dans le
cadre élargi de protection de la vie privée, une préoccupation dont il a d’ailleurs fait part à
l’OSSNR.
Renvoi au procureur général du Canada
En janvier 2021, le ministre de la Défense nationale a soumis le rapport classifié de l’OSSNR au
procureur général du Canada. Ce rapport était accompagné d’une analyse approfondie pour
chaque dossier recensé dans l’examen de l’OSSNR.
L’analyse démontre que nos activités, y compris la mise en oeuvre des mesures de protection de
la vie privée des Canadiens, ont été menées dans le cadre d’un système robuste de reddition de
comptes, notamment en ce qui concerne la conformité à la Loi sur la protection des
renseignements personnels.
Information additionnelle
Les clients du GC détenant l’habilitation de sécurité TRÈS SECRET et ayant pris part à
l’endoctrinement pour l’accès au renseignement spécial ont reçu des milliers de rapports de
renseignement étranger dans le cadre du mandat conféré au CST en vertu de la Loi sur le CST.
Ces rapports répondaient aux priorités approuvées par le Cabinet en matière de renseignement
et ont été fournis aux clients du gouvernement ayant l’autorité nécessaire pour les recevoir et
ayant besoin d’en connaître le contenu.
Ces rapports reflètent une foule d’exigences en matière de renseignement, notamment le
soutien aux opérations militaires canadiennes, l’espionnage, le terrorisme, les kidnappings, les
enjeux géostratégiques, les cybermenaces, l’interférence étrangère et les crises mondiales. Bien
qu’un très faible pourcentage de ces rapports contiennent de l’INC dépersonnalisée,
l’information canadienne sous-jacente est souvent essentielle pour que les cadres supérieurs
du GC comprennent le contexte de la menace et sa dimension canadienne.